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Cette année je me suis beaucoup posé de questions sur les formes d’organisation.
Notamment sur l’aspect engagement des personnes qui y travaillent, partage de la valeur produite et partage de la prise de décision.
Quels sont les exemples d’organisations qui peuvent servir de modèles à l’avenir pour donner d’autres perspectives que la classique entreprise capitaliste, financée par des actionnaires qui récoltent l’ensemble de la valeur produite et dans laquelle seule une poignée de personnes prennent les décisions stratégiques pour l’ensemble et qui a pour seule ambition de grossir et optimiser les gains.
Ouais ça ne vend pas du rêve mais finalement toutes les entreprises, ou presque, suivent ce modèle.
Alors maintenant on fait quoi ? On SCOP et on parle de sociocratie.
Qu’est-ce qu’une SCOP
Juridiquement, une SCOP est une société coopérative de forme SA, SARL ou SAS dont les salariés sont les associés majoritaires et le pouvoir y est exercé démocratiquement.
Les salariés détiennent au moins 51 % du capital social et 65 % des droits de vote.
Chaque salarié associé dispose d’une voix, quel que soit son statut, son ancienneté et le montant du capital investi.
Dans une Scop, il y a un dirigeant comme dans n’importe quelle entreprise mais celui-ci est élu par les salariés associés.
Le partage du profit est équitable :
- une part pour tous les salariés, sous forme de participation et d’intéressement ;
- une part pour les associés sous forme de dividendes ;
- une part pour les réserves de l’entreprise.
Impliqués, les salariés sont motivés par le système de répartition équitable des bénéfices. Au moins 40 % sont distribués aux salariés.
Les réserves, impartageables et définitives - en moyenne 40 à 45 % du résultat - contribuent tout au long du développement de l’entreprise à consolider les fonds propres et à assurer sa pérennité.
Souvent nous pensons aux SCOP comme à une entreprise traditionnelle de production qui, par une décision de la direction, ferme ses portes et est reprise par les employé·e·s qui croient encore en l’entreprise sous la forme d’une SCOP.
Les exemples les plus connus sont DURALEX, LIP, GrandPierre, Velcorex.
Mais en réalité il y a aussi des exemples d’entreprises qui se sont créées directement en SCOP. C’est le cas de https://les-tilleuls.coop/, https://bearstech.com/ http://scopyleft.fr/ et https://hashbang.coop/ , https://www.dalibo.com . https://groupe.up.coop/
En Ile de France elles sont environs 340 et sont toutes référencées sur cette carte https://www.les-scop-idf.coop/l-annuaire.
En France, il y a 22517 coopératives réparties sur tout le territoire et elles représentent un chiffre d’affaires de 307 milliards d’euros pour 1,2 million de salariés !
Pourquoi ça me parle
Depuis que je travaille, j’ai été employé dans des entreprises de différentes tailles.
Qu’elle soit à 150 personnes ou à plusieurs dizaines de milliers, le constat est le même : quel que soit l’effort que je fournis, je ne bénéficie que d’une part faible de la valeur que j’ai produit.
De plus, la part dont j’ai bénéficié est inéquitablement distribuée : elle peut être distribuée de manière égale, ou selon des critères très flous, voire en fonction des liens extra-professionnels entretenus.
Pourtant la vie n’est pas aussi lisse que peut l’être le plan de rémunération d’une entreprise. La vie est ponctuée d’évènements personnels plus ou moins désagréables et parfois j’aurais aimé un coup de pouce financier ponctuel. C’est également ce que j’ai observé pour d’autres. Seule possibilité dans mon métier du conseil : chercher un emploi ailleurs dans une autre entreprise, emploi qui s’accompagne souvent d’une augmentation de salaire, d’une prime, ou d’avantages, ou d’un mix des trois.
Autre constat, les décisions importantes et stratégiques sont la chasse gardée des actionnaires / le comité de direction.
Au mieux je peux apporter des informations pour éclairer. Au pire, j’observe les décisions, impuissant, alors qu’au même moment on parle de la chute vertigineuse de l’engagement dans les entreprises. NO SHIT.
Ensuite, j’ai lu cet été le livre ‘Ralentir ou périr’ de Timothé Parrique.
Timothée est un économiste qui a fait sa thèse sur les corrélations entre économie et écologie.
Ce que je retiens de ce livre :
- Le capitalisme est grandement responsable des problèmes majeurs qui nous concernent tous et toutes (dérèglement climatique, effondrement de la biodiversité, amoncellement des déchets, baisse de la qualité de vie, etc.) par la recherche sans fin et accélérée de l’accumulation de richesse.
- Il y a des solutions. Faire ralentir l’économie. Cela passe, par exemple, par le fait d’imposer une taille maximum à toute entreprise, objectiver les entreprises sur leurs impacts avant leur performance financière, partager la valeur produite. Je vous invite à lire son livre pour en savoir d’avantage.
En bref, il n’y a pas besoin de faire croitre l’économie actuelle : il y a déjà suffisamment de richesse pour que tout le monde puisse vivre une vie agréable et digne. Il faut uniquement partager équitablement cette richesse qui, actuellement, est accaparer par les plus riches.
Selon Timothée, la croissance relativement infinie des entreprises actuelles est une anomalie.
Comme c’est le cas de tout ce qui existe sur terre, la croissance est un moment éphémère qui laisse invariablement la place à la stabilité.
C’est également l’avis de Olivier Hamant, auteur de livre ‘antidote au culte de la performance’ .
Partager la richesse, partager la prise de décision. Les solutions proposées par Timothée Parrique sont justement ce qui fait l’ADN d’une SCOP.
Tout cela me parle énormément et semble faire un alignement pour moi entre toutes les luttes, toutes les injustices qui me crève le coeur depuis plusieurs années.
S’il y avait plus d’exemples d’entreprises de type SCOP, qu’on en parlait d’avantage et qu’on facilite la création de ce type d’entreprise, je serais curieux de savoir quelle part d’entre nous se laisserait tenter par ce genre d’aventure et quelle part resterait dans les entreprises conventionnelles. Toi ça te tenterait ?