Le syndrome de l’imposteur

Le 31 March 2024

J’ai écrit cet article pour Rupture Douce 06, un livre co rédigé à plusieurs qui est paru en 2019.

J’y parlais de syndrôme de l’imposteur. Je vous le propose ici, sans modifications à l’exception des accords pour rendre le texte inclusif pour les femmes et l’ajout de liens hypertextes à la place des références de bas de pages.

La première partie explique brièvement ce qu’est le syndrome de l’imposteur. La seconde partie reprend certaines de mes expériences de ce syndrome, et la dernière propose des pistes pour l’aténuer.

J’aurais bien fait quelques ajouts et modifications mais avec un peu de recul, je trouve ça instructif d’avoir un témoignage, un instantané, de la manière dont je gérais ce syndrome il y a une petite dizaine d’années.

Bonne lecture :)

Couverture du livre Rupture Douce 6

Dans le privé je suis papa de 2 filles qui s’appellent Louise et Alice, et dans la sphère professionnelle je suis imposteur et j’ai appris à vivre avec.

Imposteur ?

Avant toute chose de quoi parlons-nous ?

Le phénomène de l’imposteur s’exprime lorsqu’une personne doute de ses compétences et/ou de ses capacités au point de nier d’être à l’origine des résultats qu’elle a produit et explique ces résultats par des causes exclusivement extérieures.

Il y a globalement trois piliers à ce phénomène :

Nous sommes toutes et tous un jour ou l’autre amené.es à ressentir ce phénomène avec plus ou moins d’intensité et sur une durée plus ou moins longue.

Schéma de perception des savoirs Illustration du syndrome de l’imposteur de Stéphanie Walter

Moi aussi je suis victime de ce syndrome et je me soigne. Je vous propose l’un des premiers soins que j’ai découvert. À chaque fois que je me retrouve dans une situation en dehors de ma zone de confort, je me répète :

“Qu’est-ce que tu as à perdre à le faire ? Est-ce que ça changera quelque-chose à ta vie si ça ne marche pas ?”

Et je vous propose aussi un principe que je m’éfforce d’appliquer : 

“il n’y a pas de chance, il n’y a que des opportunités qu’on décide de prendre ou de ne pas prendre”.

Revenons un peu dans le passé(1)

.2016. Début d’une nouvelle aventure professionnelle et je n’avais, à cette époque, aucune idée à quel point cela serait le cas.

J’arrive avec un bagage de jeune Product Owner (PO) quasi autodidacte ayant suivi une formation PO sans être allé jusqu’au bout du processus de certification.

J’ai principalement occupé des postes de consultant Assistance à Maîtrise d’Ouvrage (AMOA pour les intimes), avec l’intention de démontrer qu’avec de la collaboration et du bon sens, un projet Scrum vaut bien mieux qu’un gros cycle en V.

J’avais très peu de réseau et de contacts dans ce milieu. Au fond de moi je me disais que cela n’allait pas suffire, que si je voulais être un vrai PO - qu’est-ce qu’un vrai PO ? - il fallait étoffer mes compétences et je ne pouvais pas y arriver seul.

C’est pourquoi j’ai commencé à participer à des meetups, je suis allé à la première des conférences inspirantes School of PO organisées par BeNext, j’ai appris beaucoup, en théorie.

Paroles interieures, je suis bon mais pas tant que ca

Puis la réalité : C’est la première StoryMap que je construis, mon client verra que je suis un débutant avec cette technique ! Et ce sera surement la catastrophe, la preuve que ce n’est pas pour moi. Et puis que vont penser les autres ?

Alors j’ai repensé à cette phrase :

“Qu’est-ce que tu as à perdre à le faire ? Est-ce que ça changera quelque chose à ta vie si ça ne marche pas ?”

Cette première StoryMap a servi d’exemple ensuite pour d’autres projets, et la démarche est maintenant utilisée au sein de l’entreprise comme une bonne pratique. J’ai également animé des ateliers pour apprendre la pratique à d’autres Product Owner.

Tout le monde est satisfait et je suis toujours en vie.

Revenons un peu dans le passé(2)

Fin 2016. Je suis dans une ESN (Entreprise de Service Numérique, anciennement SSII) qui souhaite prendre le virage de l’Agilité. Elle décide pour cela de créer un communauté interne et nationale avec des relais régionaux pour animer plus localement la communauté.

Dans chaque région, une personne référente a été proposée pour prendre la position de Practice Leader. On m’a proposé cette position pour l’Ile de France, puis pour animer la communauté France. Un rôle important car structurant, stratégique et visible.

A l’époque j’ai beaucoup hésité à accepter ce rôle. Je ne comprenais pas pourquoi on me le proposait, d’autres personnes pouvait convenir et je me souviens avoir demandé à ce que ce soit quelqu’un d’autre.

On me disait “mais non, si on te le propose c’est toi la bonne personne et c’est à toi de faire ça”

Dans ma tête cela impliquait de nombreux efforts que je ne me sentais pas prêt à faire : parler en public, donner une direction et impulser le changement, servir d’exemple et faire en premier ce que d’autres feront plus tard. Entre autres.

Pourquoi des gens viendraient m’écouter ? Qui je suis pour dire où il faut aller ?

Vous voyez le genre, j’imagine.

“Qu’est-ce que tu as à perdre à le faire ? Est-ce que ça changera quelque chose à ta vie si ça ne marche pas ?”

J’ai finalement animé plus de 50 sessions de formations autour de l’agilité, organisé et animé une dizaine de soirées pour cette communauté, accompagné des personnes formidables dans leur vie professionnelle, parlé d’Agilité à des top managers, etc.

Lorsque j’écris ces lignes, je me dis que je suis peut-être arrivé pile au bon moment. Ca ne s’est pas fait tout seul : j’ai travaillé dur pour que tout ça arrive. Bref il y a toujours cette voix qui rappelle à l’ordre, pourtant tous les résultats sont là.

Hasard et opportunités

Et encore un hasard, Laurent poste sur Linkedin sa volonté d’écrire le prochain Rupture Douce sur le thème du syndrome de l’imposteur et me voilà à écrire ma part sous forme de témoignage. Hasard ou opportunité saisie ?

Illustration du sentiment de chanceux mais aussi d’être bon

Comment passer au delà de ce sentiment ?

J’estime que le syndrome de l’imposteur est un mensonge qu’on s’inflige.

Oui c’est difficile d’aller à l’encontre de ses propres croyances. C’est un effort qui s’amenuise à mesure que l’on pratique des exercices qui démontrent le contraire : la seule façon de battre un mensonge est de se relier au faits.

Il existe des tas de manières de s’y prendre, en voici quelques unes :

Pour finir, je crois que si vous vous posez la question de votre légitimité, c’est que vous n’êtes pas si imposteur que ça :), les vrais imposteurs ne se posent pas ce genre de questions.

Et en cas d’échec, se rappeler que cela arrive à tout le monde. Et que chaque échec nous permet d’apprendre pour la prochaine fois.

L’important c’est ce que l’on fait et ce que l’on croit. Peu importe ce que les autres font de tout cela.

Pour reprendre Big Flo et Oli : “Mieux vaut vivre avec des remords qu’avec des regrets, c’est ça le secret :) “

Pour aller plus loin

Et maintenant, cher lecteur, chère lectrice, si tu te sens parfois en situation d’imposture, je t’invite à te poser ces questions :

Mini-bio

Humaniste et coach agile, j’apporte mes expériences, mes découvertes et mes convictions aux entreprises qui cherchent à s’améliorer par la confiance, la responsabilisation et la liberté.